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de cul-de-lampe, dans un gros périodique, ou comme intermède en quelque soirée mondaine.

D’artiste, l’auteur devient artisan. Mais, hélas ! à ce compte, il y a aussi l’art du potier, de l’émailleur, de l’orfèvre et du couturier. L’art du poète n’est-il pas autre ? Peut-être, entends-je railler. Il faudrait cependant prouver le contraire.


L’Art, si j’ose hasarder une définition nouvelle, est un mode supérieur d’éprouver, et l’artiste est l’inventeur de ce mode. J’ai dit inventeur y au sens originel du mot, parce que la création n’appartient qu’au poète seul dont l’œuvre n’emprunte pas à l’art son unique condition d’existence. L’art peut s’affirmer suivant des données généralement acquises, et parfois n’être qu’un simple lieu commun, agréablement adorné pour le plaisir intellectualisé d’un de nos sens ou de plusieurs. La poésie est toujours révélatrice ; elle donne un aspect sensible, une représentation à la vérité que la science