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L’ouvrage de Lactance, écrit en latin, ne pouvait avoir qu’un certain nombre de lecteurs. François de Maucroix, chanoine de Rheims, en donna une traduction française en 1679[1]. Cette traduction, qui fut bien reçue du public, était devenue rare et difficile à trouver. C’est ce qui détermina l’abbé Godescard à la faire réimprimer. Mais après l’avoir comparée avec le texte original, il crut qu’il était possible de mieux faire du moins en plusieurs endroits. De corrections en corrections, il résulta une traduction pour ainsi dire entièrement nouvelle que nous réimprimons avec quelques légers changements.

Comme le texte de Lactance était corrompu en plusieurs endroits et qu’il y avait même quelques lacunes dans l’ancien manuscrit de Moissac, il a été difficile au traducteur de saisir toujours le vrai sens de l’auteur. L’obscurité est encore augmentée par l’ignorance où l’on est par rapport à certains usages connus dans les premiers temps du christianisme.

Le traducteur a suivi l’édition des œuvres de Lactance de Le Brun des Marettes, publiée par Langlet du Fresnoy, Paris 1748, 2 vol. in-4°. Nous avons tâché de rectifier quelques passages du texte latin d’après l’édition du père Édouard-Xavier Franceschini.

À la suite du Traité de Lactance nous avons placé une Dissertation sur le nombre des Martyrs et l’Histoire des persécutions. Cette dissertation, qui sert de préface au Recueil des Actes des Martyrs publié en latin par Dom Thierry Ruinart, est divisée en quatre parties. Dans la première l’auteur montre quelle a été la vénération des premiers siècles pour les Actes des Martyrs, et de quelle manière ces Actes sont venus entre les mains des fidèles et se sont conservés dans l’Église[2]. La deuxième et la troisième partie sont destinées à prouver qu’il y a eu dans l’Église un très-grand nombre de martyrs ; l’auteur y réfute d’une manière victorieuse le sentiment de quelques hérétiques et particulièrement celui d’un écrivain anglican, Henri Dodwel, qui, dans la dissertation onzième sur les œuvres de saint Cyprien, a voulu prouver que le nombre des martyrs a été beaucoup moins considérable dans les premières persécutions qu’on ne le croit communément, et qu’il a été exagéré dans les martyrologes, et surtout dans ceux de l’Église romaine. La quatrième

    il y répondit dans le Journal des Savants, juin 1716. Le père Édouard-Xavier Franceschini, religieux carme, dans son édition des Œuvres de Lactance, publiée à Rome 1754-60, 14 vol. in-8o, a consacré une dissertation particulière à l’examen de cette question.

  1. Gilbert Burnet, évêque anglican de Salisbury, a publié une traduction anglaise du Traité de Lactance, avec une longue préface sur les persécutions pour cause de religion, où les catholiques sont fort maltraités. Elle fut imprimée en 1686 et en 1714. Il en donna aussi une traduction française qui parut à Utrecht en 1687. Une traduction allemande du Traité de Lactance a été publiée à Landshut en 1822.
  2. La Dissertation sur les Actes des Martyrs, qui se trouve en tête du I vol. de notre édition de Butler (p. xlvi-lxii), nous dispense de reproduire la première partie du travail de Dom Ruinart.