tirer l’épée, ni lancer le javelot. Maximin tourne au tour des bataillons et tâche de gagner les soldats de Licinius à force de prières et de promesses. Il n’est nulle part écouté. On détache de la cavalerie contre lui et on l’oblige de se retirer parmi les siens. On taillait impunément son armée en pièces, et ses nombreuses légions succombaient sous les coups d’un petit nombre d’ennemis. Aucun des soldats de Maximin ne se souvenait ni de son devoir, ni de sa gloire, ni des anciennes récompenses qu’il avait reçues ; on eût dit qu’ils étaient venus, non pour combattre, mais pour aller volontairement à la mort, tant Dieu avait donné d’ascendant sur eux à leurs ennemis. Le champ de bataille était couvert de morts. Maximin, trompé dans ses espérances, quitte la pourpre, s’enfuit déguisé en esclave et passe la mer. Une partie de son armée est taillée en pièces ; l’autre se rend au vainqueur ou cherche son salut dans la fuite. On ne rougissait point de suivre l’exemple de l’empereur qui, en deux nuits et un jour, avait gagné Nicomédie, quoique éloignée de cent soixante milles du lieu du combat. De là il tire vers l’Orient, accompagné de sa femme, de ses enfants et de quelques-uns de ses officiers. Arrivé à Cappadoce, il y rassemble les débris de son armée avec les troupes venues de l’Orient et reprend la pourpre.
XLVIII.
Licinius, ayant reçu une partie de l’armée ennemie et l’ayant distribuée en différents quartiers, passa en Bithynie quelques jours après la bataille. Arrivé à Nicomédie, il y rendit grâces à Dieu comme à l’auteur de sa victoire. Aux ides de juin (le 13, an 313), lui et Constantin étant consuls pour la troisième fois, un édit pour le rétablissement de l’Église fut publié. Il était adressé au président de Nicomédie et conçu en ces termes :
« Nous empereur Constantin, et nous empereur Licinius, nous étant assemblés à Milan pour traiter des choses qui concernent le bien de l’État et la tranquillité publique, avons cru devoir commencer par ce qui regarde le culte de la Divinité. À l’effet de quoi, nous permettons aux chrétiens et toutes sortes de personnes de suivre telle religion qu’il leur plaira, afin que la Divinité qui préside dans le ciel soit à jamais propice et à nous et à nos sujets. Nous avons pensé qu’il était conforme à la sagesse et à la raison de ne refuser à personne la liberté de professer, soit la religion chrétienne, soit toute autre religion qu’il jugerait mieux lui convenir, afin que cette souveraine Divinité, à laquelle nous rendons un hommage