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obéissait. Il lui sembla qu’il se levait et que l’ange lui enseignait comment il devait prier et de quels termes il devait se servir. Lorsqu’il fut réellement éveillé, il appelle un secrétaire et lui dicte ces paroles qu’il avait entendues : « Dieu tout-puissant, nous te prions : Dieu saint, nous te prions : nous te recommandons la justice de notre cause ; nous te recommandons notre empire. C’est par toi que nous vivons, c’est de toi que nous attendons la victoire. Dieu tout-puissant, Dieu saint, exauce nos prières. Nous te tendons les mains. Exauce-nous, Dieu saint, Dieu tout-puissant. » On fait plusieurs copies de cette prière, qu’on envoie aux colonels et aux capitaines pour qu’ils l’apprennent aux soldats. Tous, persuadés que le Ciel leur promet la victoire, redoublent de courage. Le combat est fixé aux calendes de mai. Ce jour terminait la huitième année du règne de Maximin. Ce prince avança ce terme d’une journée. Dès le matin il rangea son armée en bataille, afin de célébrer le lendemain avec plus de pompe un jour où son empire avait commencé : car il tenait la victoire pour certaine. Licinius, averti du mouvement de son ennemi, fait prendre les armes à ses gens et les mène au combat. Les deux armées étaient séparées par une plaine stérile, appelée Serène. Quand elles furent en présence, les soldats de Licinius ôtent leurs casques, couchent à terre leurs boucliers et lèvent les mains au ciel, les officiers à la tête. L’empereur commence la prière ; les soldats la récitent ensuite à haute voix. Il en résulte un bruit qui est entendu des ennemis. Trois fois la prière est répétée. Les soldats, pleins d’ardeur, reprennent leurs casques et leurs boucliers. Cependant on ménage une conférence. Maximin ne veut point entendre parler de paix. Comme il était libéral, il méprisait Licinius, s’imaginant que les soldats l’abandonneraient à cause de son avarice. C’était le motif qui lui avait fait entreprendre la guerre. Il espérait gagner, par ses profusions, l’armée de Licinius, et l’engager à se joindre à la sienne afin de marcher ensuite avec succès contre Constantin.


XLVII.

Enfin les deux armées s’approchent et en viennent aux mains. Les troupes de Licinius chargent l’ennemi avec furie. Ceux-ci si effrayés ne peuvent ni