Dioclétien. Ce dernier prince, vivement touché d’un outrage qu’aucun empereur vivant n’avait jamais souffert, ainsi que de celui qui lui était fait dans la personne de sa fille, se résolut à la mort. Il ne se trouvait bien nulle part ; le chagrin et l’inquiétude lui ôtaient l’appétit et le repos. Il soupirait, il gémissait, il se roulait continuellement, tantôt dans son lit, tantôt à terre. Ainsi Dioclétien, si favorisé de la fortune pendant vingt ans, puis réduit à une condition privée, accablé d’opprobres, ennuyé de la vie par désespoir, mourut de faim et de tristesse.
XLIII.
Il restait encore un des ennemis des chrétiens. Je vais raconter quelle fut sa fin tragique. Maximin avait conçu de la jalousie contre Licinius, que Galère lui avait préféré. Il s’était cependant réconcilié avec lui. Mais dès qu’il eut appris que Constantin avait donné sa sœur en mariage à Licinius, il crut que les deux empereurs se proposaient, par cette alliance, de se réunir contre lui. Pour parer ce coup, il rechercha l’amitié de Maxence, et lui écrivit dans les termes les plus honnêtes. Ses ambassadeurs sont bien reçus ; son amitié est acceptée ; on place ensemble les images des deux princes. Maxence regarde cet événement comme un secours envoyé du ciel. Il avait déjà déclaré la guerre à Constantin, sous prétexte de venger la mort de son père. Ceci donna lieu de soupçonner que le vieux Maximien n’avait feint d’être mal avec son fils que pour se faciliter les moyens de perdre les autres empereurs, afin qu’après leur ruine il pût partager l’empire avec Maxence. Mais ce soupçon n’était pas fondé. Le dessein de Maximien était de se défaire de son fils, aussi bien que des autres, et de remonter sur le trône avec Dioclétien.
XLIV.
La guerre civile était allumée entre Maxence et Constantin. Le premier restait à Rome, l’oracle lui ayant prédit qu’il périrait s’il sortait de cette ville. Mais il faisait la guerre par d’habiles généraux. Il était plus fort que son ennemi, parce qu’indépendamment de l’armée de son père qu’il avait détachée du parti de Sévère, il y en avait joint une autre composée de Maures et d’Italiens. On en vint souvent aux mains, et l’avantage était toujours du côté de Maxence. Mais Constantin, plein de courage et