invention digne de lui, les animaux dont la chair servait à le nourrir étaient préparés, non par les cuisiniers, mais par les prêtres ; et, comme ils avaient passé par les cérémonies profanes, on ne pouvait en manger sans se souiller par une impureté sacrilége. Dans tout le reste, il ressemblait à Galère son maître. Le peu que Dioclès et Maximien avaient laissé, il le ravit sans aucune pudeur. On fermait les greniers et les boutiques ; on exigeait le paiement des tributs pour plusieurs années d’avance. L’agriculture étant négligée, la famine survint, ce qui occasionna une cherté excessive. On enlevait les troupeaux pour fournir aux sacrifices quotidiens… Maximin gagnait les soldats par argent, et faisait aux Barbares de grandes largesses. Quant aux biens des personnes vivantes, qu’il ravissait pour les donner à ceux qui les lui demandaient, peut-être méritait-il quelque louange pour avoir agi à la manière des brigands humains, qui ne veulent point de dépouilles sanglantes.
XXXVIII.
Son impudicité passa celle des princes les plus infâmes. Dire qu’elle était monstrueuse et au-delà de toute espèce de bornes, ces expressions seraient trop faibles. Notre langue n’a point de termes propres à peindre une débauche si effrénée. Les eunuques, ministres de ses voluptés, furetaient partout. Une femme avait-elle de la beauté, les pères et les maris n’en étaient plus les maîtres. On arrachait aux femmes et aux filles de qualité leurs vêtements, et on les examinait pour voir si dans toute leur personne il n’y avait point de partie de leur corps qui fût indigne de l’amour du prince. Si quelques-unes d’entre elles refusaient de se prêter à ces horreurs, on les noyait comme criminelles d’État. Des maris, outrés de ce qu’on traitait de la sorte leurs femmes, qui pour leur vertu leur étaient très-chères, se tuèrent de désespoir. Sous ce monstre, la laideur était le seul asile de la pudeur. Enfin il en vint à un tel excès, qu’on ne pouvait plus se marier sans sa permission, et qu’à condition que les prémices du mariage lui seraient réservées. Il faisait épouser à ses esclaves les filles de qualité qu’il avait déshonorées. Les grands imitaient son exemple, et traitaient de la même manière les femmes et les filles de ceux qui leur étaient soumis. Car qui se serait opposé à