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d’une foule de surveillants barbares, qui ne permettaient pas de respirer ; aucun temps de l’année où l’on pût avoir le moindre repos ; tous les jours de nouvelles querelles, de nouvelles demandes ; point de caves, point de granges sans un commis ; on emportait tout ce qui était nécessaire aux plus indispensables besoins de la vie. Quelque horrible qu’il soit de se voir ravir le fruit de ses peines et de ses travaux, au moins peut-on se consoler par l’espérance d’un avenir plus heureux. Mais comment se passer de vêtements et de meubles ? N’est-ce pas avec la vente de ses denrées qu’on se procure ces choses ? Et comment se les procurer, si un prince barbare enlève tout le fruit des productions de la terre ? Qu’est-ce qui n’a pas été dépouillé de ses biens, pour fournir aux frais de ces Vicennales, qui toutefois ne devaient pas avoir lieu ?


XXXII.

La nomination de Licinius à l’empire irrita beaucoup Maximin ; il dédaignait le titre de César et la troisième place d’honneur. Galère lui envoya plusieurs députés pour lui représenter qu’il devait obéir, se soumettre à ses arrangements, céder à l’âge et honorer la vieillesse. Mais Maximin n’en devint que plus audacieux ; il fit valoir l’antériorité du temps, prétendant qu’ayant reçu la pourpre le premier, il avait droit d’occuper la première place. Ainsi il se moqua des prières et des ordres de Galère. Ce prince fut furieux de ce qu’un homme de néant qu’il avait élevé à la dignité de César, dans l’espérance qu’il n’aurait d’autre volonté que la sienne, poussait l’ingratitude au point de ne tenir compte ni de ses ordres, ni de ses prières. Outré de l’insolence de Maximin, il supprime le nom de César, prend avec Licinius la qualité d’Auguste et donne à Maxence et à Constantin celle de fils d’Auguste. Quelque temps après Maximin lui dépêcha un courrier pour l’informer que son armée venait de l’élire empereur.

Galère apprit cette nouvelle avec chagrin, et il ordonna de les reconnaître tous quatre empereurs.


XXXIII.

Dieu frappa Galère, à la dix-huitième année de son règne, d’une plaie absolument incurable. Il se forma, dans la partie de son corps, que la pudeur défend de nommer, un abcès qui fit bientôt des progrès considérables. Les amputations des chirurgiens