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XXX.

Maximien, se voyant privé de la dignité impériale et des égards qu’il croyait dus à un beau-père, fut outré de cette humiliation. Il forma de nouveaux projets. Enhardi par l’impunité, il fait venir Fausta, sa fille ; il l’excite, par ses prières ainsi que par ses caresses, à trahir son mari, et lui en promet un autre plus digne d’elle. Il lui demande de laisser ouverte la porte de la chambre de l’empereur, et de prendre des mesures pour qu’elle ne soit pas gardée avec soin. Fausta promet de déférer à la demande de son père ; mais elle donne sur-le-champ avis à Constantin de ce qui se passe. On arrête le plan de conduite à tenir pour prendre sur le fait le perfide Maximien. On met un eunuque dans le lit de l’empereur, afin de racheter par le sacrifice d’une âme vile, la vie la plus précieuse de l’univers. Cependant Maximien se lève au milieu de la nuit ; tout est favorable à l’exécution de son dessein, il trouve peu de gardes, encore sont-ils éloignés les uns des autres. Il leur dit qu’il a eu un songe dont il veut faire part à son gendre. Il entre dans la chambre de l’empereur avec un poignard, tue l’eunuque, sort et publie tout glorieux le crime qu’il vient de commettre. Mais, d’un autre côté, Constantin se montre avec une troupe de gens armés. On tire de la chambre impériale le corps de l’eunuque assassiné. À ce spectacle, le meurtrier demeure muet d’étonnement. On lui reproche son ingratitude et son crime. Pour toute grâce, on lui laisse la liberté de choisir le genre de mort qu’il voudra. Il se pendit. Ce fut ainsi qu’un empereur puissant, qui avait été pendant vingt ans le maître du monde, finit une vie détestable par une mort ignominieuse.


XXXI.

Dieu, ayant vengé sa religion et son peuple sur le vieux Maximien, étendit sa main sur Galère, un des plus ardents persécuteurs des chrétiens, et lui fit sentir la pesanteur de son bras. Ce prince, à l’exemple de Dioclétien, songeait à célébrer les Vicennales, et, d’après ce prétexte, quoique par ses exactions précédentes il eût épuisé l’or et l’argent des provinces, il chargea encore le peuple de nouvelles impositions. Il serait impossible de dire avec quelle rigueur se levèrent ces taxes. Galère avait pour exécuteurs de ses ordres des soldats, ou plutôt des bourreaux. On ne savait lequel il fallait satisfaire le premier, nulle grâce pour ceux qui étaient dans l’impossibilité de payer ; on devait s’attendre aux plus cruels traitements, si l’on ne donnait sur-le-champ ce qu’on n’avait pas ; on était entouré