exemple. Alors Galère, oubliant son orgueil et craignant d’éprouver le sort de Sévère, se jette honteusement aux pieds des soldats et les supplie de ne point le livrer à son ennemi. Enfin ses belles promesses en touchèrent quelques-uns avec lesquels il se retira, ou plutôt prit la fuite. Il eût été facile de le défaire, si l’on eût envoyé quelques troupes après lui. Dans la crainte qu’il en eut, il ordonna à ses soldats de se disperser et de ravager tout, afin d’oter le moyen de subsister à ceux qui voudraient le poursuivre. Les provinces d’Italie où pénétrèrent ces brigands furent entièrement saccagées. On outrageait les femmes, on violait les filles, on faisait souffrir des traitements indignes aux pères et aux maris, pour les forcer de déclarer où étaient leurs filles, leurs femmes, leurs richesses. On enlevait les bestiaux comme dans un pays conquis. Ce fut ainsi que Galère devenu, d’empereur romain, le fléau de l’Italie, regagna les terres de son obéissance. On n’avait pas lieu de s’en étonner, puisqu’étant parvenu à la souveraine puissance, il se montra l’ennemi du nom romain, en formant le projet d’ordonner qu’à l’avenir le titre d’Empire Romain fût changé en celui d’Empire Dacique.
XXVIII.
Après la fuite de Galère, le vieux Maximien revint des Gaules. Il gouverna conjointement avec son fils ; mais l’autorité du fils était plus grande que celle du père ; car comme Maxence avait rendu l’empire à Maximien, cette conduite lui avait gagné tous les cœurs. Cependant le vieux prince voyait avec peine la puissance souveraine partagée entre lui et son fils ; et en jeune homme, il lui portait envie. Il résolut donc de chasser Maxence et de se remettre en possession de son ancien héritage. Il espérait y réussir facilement, parce que les soldats qui venaient de quitter Sévère lui avaient obéi longtemps. Il assemble l’armée et le peuple, comme s’il eût été question de les entretenir des malheurs de l’État ; puis, après un long discours, il met la main sur Maxence, l’accuse d’être l’auteur des calamités publiques et lui arrache la pourpre. Le prince dépouillé se jette au bas du tribunal, et est reçu par les soldats, dont la colère et les murmures étonnent l’ingrat vieillard, qui fut ensuite chassé de Rome comme un autre Tarquin.