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ville, mais souhaitaient encore y passer le reste de leur vie. Maxence, après une démarche si hardie, songeait à sa sûreté. Il avait lieu de croire que l’armée de son père, qu’il avait si longtemps commandée, pourrait se ranger de son parti. Pensant néanmoins que Galère, qui avait sujet de s’en défier, pourrait laisser Sévère dans l’Illyrie et venir l’attaquer avec son armée, il chercha le moyen de se mettre à couvert de ce danger. Il envoie présenter la pourpre au vieux Maximien, son père, qui depuis son abdication était retiré dans la Campanie, et le nomme Auguste pour la seconde fois. Ce prince, avide de nouveautés et qui avait quitté l’empire malgré lui, accepte volontiers ce qu’on lui offre. Cependant Sévère marche contre Rome et fait mine de vouloir l’assiéger. Aussitôt ses soldats l’abandonnent et prennent le parti de son ennemi. Il n’a plus d’espérance que dans la fuite. Mais le vieux Maximien, redevenu empereur, se trouve sur son passage ; ce qui l’oblige de se jeter dans Ravenne et de s’y renfermer avec ce qu’il put ramasser de troupes. Voyant qu’il allait être livré à son ennemi, il se remit volontairement entre ses mains et rendit la pourpre à celui de qui il l’avait reçue. Cet acte de lacheté ne servit qu’à lui procurer une mort plus douce ; on se contenta de lui ouvrir les veines.


XXVII.

Le vieux Maximien, connaissant la fureur de Galère, ne douta point qu’après avoir appris la mort de Sévère, il n’accourût avec son armée pour la venger ; qu’il ne se joignît à Maximin, et qu’il ne se procurât des forces redoutables, auxquelles il serait difficile de résister. Il munit donc la ville de Rome de tout ce qui était nécessaire pour la mettre en sûreté : après quoi il part pour les Gaules, afin de faire entrer Constantin dans ses intérêts, en lui faisant épouser sa fille Fausta. Cependant Galère rassemble son armée, attaque l’Italie, s’approche de Rome, ne respirant que la ruine du sénat et le carnage du peuple. Mais il trouve tout en bon état. Il ne pouvait espérer d’emporter la ville de force, et il n’avait pas assez de troupes pour en former le siége. Comme il n’avait jamais vu Rome, il s’imaginait qu’elle n’avait pas plus d’étendue que les villes qu’il connaissait. Quelques légions, indiguées de ce qu’un beau-père attaquait son gendre et de ce que les soldats romains tournaient leurs armes contre Rome, abandonnèrent le parti de Galère. Le reste de l’armée était sur le point d’imiter leur