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il l’avait désiré. Constantin, devenu empereur, commença par rendre aux chrétiens la liberté de professer leur religion.


XXV.

Quelques jours après, son image couverte de laurier fut apportée à Galère[1], qui délibéra longtemps s’il la recevrait ; il était déterminé à faire brûler et l’image et celui qui la lui apportait. Il en fut empêché par ses ministres, qui lui représentèrent qu’une telle action pourrait avoir des suites fâcheuses, et que, comme on avait créé des Césars inconnus et désagréables aux soldats, ceux-ci ne manqueraient pas de se ranger du parti de Constantin, s’il paraissait en armes. Il reçut donc l’image, mais à regret, et il envoya la pourpre à Constantin, pour paraître l’avoir associé à l’empire de son plein gré. Ses mesures étant déconcertées, il ne pouvait nommer un troisième César contre la disposition de Dioclétien. Il s’avisa de ce stratagème : il donna le nom d’Auguste à Sévère, qui était le plus âgé, et le titre de César à Constantin, qui, au lieu d’avoir le second rang, se trouva rejeté au quatrième, et après Maximin.


XXVI.

Les choses étaient en quelque sorte arrangées, lorsque Galère apprit une nouvelle, faite pour lui causer de vives inquiétudes. On lui manda que Maxence, son gendre, avait été fait empereur à Rome. Voici quelle fut la cause de cette révolution. Galère, résolu de ruiner l’empire par l’imposition du cens, en vint à ce point de folie, de vouloir assujettir le peuple romain même à ce tribut. Déjà il avait nommé des commissaires pour faire le dénombrement, et en même temps il avait affaibli le corps des prétoriens. Les soldats restés à Rome, profitant de l’occasion qui se présentait, firent main-basse sur quelques magistrats, et revêtirent Maxence de la pourpre, du consentement du peuple, d’ailleurs animé contre Galère. À cette nouvelle, quoique frappé de cet événement, l’empereur ne se laissa pas cependant trop effrayer. Il haïssait Maxence et il ne pouvait créer trois Césars. Il se contentait d’avoir agi une fois contre son gré, en déférant cet honneur à Constantin. Il fait donc venir Sévère, l’exhorte à recouvrer l’empire et l’envoie avec l’armée du vieux Maximien contre Maxence. Les soldats, qui avaient goûté les délices de Rome, désiraient non-seulement la conservation de cette

  1. C’est Galère qui est désigné par mala bestia, expression appliquée à Néron, à la fin du chap. II.