dont il se dépouille et redevint Dioclès. Après quoi on descend de la montagne. Le vieux prince monte ensuite dans son char, part de Nicomédie et retourne dans sa patrie. Daïa, sorti de ses bois et d’auprès de ses troupeaux, devenu simple soldat, puis garde-du-corps, tribun, et enfin César, voit l’Orient soumis à son empire, ou plutôt à sa tyrannie. Qu’attendre en effet d’un bouvier qui, sans connaissance du gouvernement et de la guerre, se trouvait tout-à-coup à la tête des armées ?
XX.
Après l’abdication de Dioclétien et de Maximien, Galère, ne craignant plus de contradicteurs, se crut maître de l’univers. Car, quoiqu’il fallût regarder Constance comme tenant le premier rang, il le méprisait à cause de sa douceur et de la faiblesse de sa santé. Il comptait qu’il ne vivrait pas longtemps, et qu’au pis-aller il serait facile de lui arracher l’empire. Comment en effet se maintenir contre trois adversaires si puissants ? Au reste, il y avait un ancien commerce d’amitié entre Licinius et Galère ; ils avaient servi ensemble dans les armées, et Galère prenait en tout les conseils de Licinius. Il ne voulait point le choisir pour César, afin de n’être pas obligé de l’appeler son fils ; mais il lui réservait les titres d’Auguste et de frère, en la place de Constance. C’était bien alors qu’il se promettait la domination de l’univers, qu’il gouvernerait comme bon lui semblerait : après quoi il se proposait de célébrer la fête des Vicennales, de créer César son fils, alors âgé de neuf ans, et de quitter ensuite la pourpre. Ainsi l’empire étant entre les mains de Licinius et de Sévère, et Maximin et Candidien[1] étant Césars, Galère se croyait à l’abri d’une forteresse imprenable, ce qui lui faisait espérer une vieillesse sûre et tranquille. Voilà quels étaient ses projets ; mais Dieu, qu’il avait irrité contre lui, les déconcerta.
XXI.
Galère, étant parvenu à la puissance souveraine, ne s’en servit que pour le malheur de l’univers. Après sa victoire sur les Perses, peuples accoutumés à obéir à leurs rois en esclaves, il voulut introduire parmi les Romains la même coutume dont il avait l’impudence de faire l’éloge. Cependant, comme il ne pouvait l’établir par une loi, il faisait entendre par sa conduite que son projet était de priver les Romains de la liberté. Il commença par leur ôter leurs priviléges. On appliquait à la question non-seulement les Décurions, mais même les
- ↑ Candidien était fils de Galère.