commodité qui dura toute sa vie. On le porta cependant presque toujours en litière. Sur la fin de l’été, il se rendit, en côtoyant le Danube, à Nicomédie, ce qui augmenta l’incommodité. Mais quoiqu’il souffrit de son mal, il ne laissa pas, un an après les Vicennales, de faire la dédicace du cirque qu’il avait bâti. Enfin, sa santé s’affaiblit au point qu’on ordonna des prières publiques aux dieux pour son rétablissement. Mais, aux ides de décembre (le 13), le palais fut tout-à-coup rempli de tristesse et de larmes. C’était une frayeur universelle et un morne silence. On disait déjà par toute la ville que l’empereur était mort. C’était un faux bruit qui se dissipa le lendemain. On vit renaître l’allégresse sur le visage des officiers et des ministres du prince. Quelques-uns cependant soupçonnaient qu’on cachait sa mort jusqu’à l’arrivée du César Galère, de peur que les soldats ne formassent quelque dessein. Ce soupçon ne fut dissipé que par la présence de l’empereur ; le premier de mars il se fit voir en public ; mais à peine le reconnut-on, tant il était défiguré par une maladie qui durait presque depuis un an. Au reste, il n’avait recouvré la santé qu’en partie ; car quelquefois il perdait l’usage de la raison, comme aussi il avait quelquefois de bons intervalles.
XVIII.
Quelques jours après arriva Galère, moins pour féliciter son beau-père sur le rétablissement de sa santé, que pour le forcer à quitter l’empire. Déjà il avait eu un différend avec le vieux Maximién sur ce sujet, et l’avait menacé d’une guerre civile. Il tacha d’abord de gagner Dioclétien par les voies de la douceur. Il lui représenta qu’il était âgé ; que ses forces ne lui permettaient plus de s’occuper des soins attachés au gouvernement de l’État ; qu’après tant de travaux il devait songer à se reposer. Il lui cita l’exemple de Nerva qui avait remis l’empire à Trajan. À cela Dioclétien répondit qu’après tant d’années de gloire, il lui serait honteux de vieillir dans l’obscurité ; qu’il n’y aurait pas même de sûreté pour lui à prendre ce parti, à cause du grand nombre d’ennemis qu’il n’avait pas manqué de se faire durant un si long règne ; que quant à Nerva, qui n’avait régné qu’un an, il avait eu raison de renoncer à l’empire et de retourner à la vie privée, à laquelle il était accoutumé, son âge et son défaut