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une confession glorieuse vous avez triomphé de vos ennemis. Vous avez livré neuf combats au démon et à ses ministres, et toutes les fois vous avez vaincu le siècle avec ses terreurs.

Quel agréable spectacle n’était-ce pas pour le Ciel de voir attachés à votre char, non des chevaux blancs ou des éléphants monstrueux, mais ceux mêmes qui se donnent pour les triomphateurs de l’univers ? Le vrai triomphe, c’est de vaincre les vainqueurs des nations. Or, comment douter de votre victoire, puisqu’en méprisant leurs ordonnances impies, vous avez, par la fermeté de votre foi et par votre courage, mis en défaut les appareils et les menaces d’une puissance tyrannique ? Les fouets, les ongles de fer, le feu, les tourments de toute espèce, rien n’a pu ébranler votre constance. Nulle violence n’a été capable de vous ravir votre foi et votre piété. Voilà ce qui vous a mérité le titre de disciple du Dieu vivant et de soldat de Jésus-Christ, qui ne redoute aucun ennemi, qu’on ne peut enlever du camp du Seigneur, qui est en garde contre les embûches, qui se montre supérieur à tout sentiment de crainte et de douleur. Aussi, après tant de glorieuses victoires, le démon vous sachant invincible, n’osa-t-il plus entrer en lice avec vous ; et, comme la couronne vous était assurée, il cessa de vous défier, pour ne pas contribuer lui-même à votre triomphe. Quoique vous n’en jouissiez pas encore, Dieu vous la réserve dans l’éternité pour la récompense de vos vertus et de vos mérites. Revenons à notre histoire.


XVII.

Après ces sanglantes exécutions, le bonheur s’éloigna de Dioclétien. II vint à Rome, pour la fête des Vicennales, qui devait se célébrer[1] le 12 avant les calendes de décembre (20 novembre). La cérémonie achevée, c’est-à-dire, vers la fin de décembre, le consulat lui fut décerné pour la neuvième fois. Le chagrin et l’impatience que lui causait la liberté du peuple romain l’emportèrent hors de la ville. Il ne put attendre encore treize jours dans Rome le moment d’exercer sa nouvelle dignité ; il alla la commencer à Ravenne. Le voyage s’étant fait en hiver, le froid et les pluies lui donnèrent une in-

  1. Ces fêtes, qui duraient plusieurs jours, avaient pour objet de célébrer la vingtième année du règne de Dioclétien.