fut pris par les Perses, et non-seulement il perdit l’empire dont il avait si insolemment abusé, mais encore la liberté qu’il avait ôtée aux autres, et il passa le reste de sa vie dans une honteuse servitude. Car toutes les fois que Sapor, roi de Perse, voulait monter à cheval ou dans son char, il commandait à son prisonnier de se courber, et il mettait le pied sur son dos. Il lui disait avec un rire moqueur que c’était là un vrai triomphe, bien différent de celui que l’on faisait peindre à Rome. Valérien vécut quelque temps encore, afin que le nom romain fût plus longtemps le jouet des Barbares. Ce qui mit le comble à ses maux, ce fut d’avoir un fils empereur et de ne point avoir de vengeur ; personne en effet ne pensa à le délivrer d’une si cruelle captivité. Au reste, lorsqu’il eut fini sa vie au milieu de tant d’indignités, les Barbares lui ôtèrent la peau, la peignirent en rouge et la pendirent dans un temple comme un monument de leur victoire et pour apprendre à nos ambassadeurs que les Romains ne devaient pas avoir trop de confiance dans leurs forces, quand ils verraient dans un temple des dieux de Perse les dépouilles d’un empereur romain qu’ils avaient fait prisonnier. Le Seigneur ayant tiré une vengeance si éclatante de ses sacriléges ennemis, n’est-il pas étonnant que quelqu’un ait eu encore l’audace non-seulement d’outrager, mais de penser même à outrager la majesté du Modérateur suprême de l’univers ?
VI.
Aurélien, prince naturellement emporté, ne profita point de la captivité de Valérien (an 270). Oubliant les crimes et le châtiment qu’ils lui avaient attiré, il provoqua la colère divine par sa propre cruauté. Il n’eut cependant pas le temps d’exécuter les projets qu’il avait formés ; la mort le surprit dans les premiers accès de sa fureur. Ses édits sanguinaires contre les chrétiens n’étaient point parvenus à l’extrémité des provinces, que son corps était étendu sans vie sur la poussière (an 274). Ses amis, ayant pris de l’ombrage à cette occasion, le tuèrent à Cenofrurium, bourg de la Thrace. Ces terribles exemples étaient bien faits pour servir de