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produisaient dans l’assemblée une profonde impression : c’était un hymne religieux, dans lequel l’exécutant imitait le chant grégorien de la chapelle du pape, en l’entrecoupant par des chœurs de voix féminines. Le morceau achevé, le musicien se leva et vint se replacer debout à côté de son orgue. Après quelques instants de silence et d’émotion, l’instrument, qui était devenu muet, reprit tout à coup la parole, et répéta sur un mode plus lent et moins énergique le morceau de musique religieuse, que l’organiste venait de jouer avec une exécution si puissante et si habile. On eût dit qu’un écho, caché dans les profondeurs de cet orgue, avait retenu fidèlement les accords que l’organiste savait tirer des tuyaux de son instrument. Tous les assistants, malgré la présence du roi, ne purent se défendre de manifester leur étonnement et leur admiration.


L’orgue ayant fait silence, le musicien se remit à son clavier et fit entendre un air italien, composé de flûtes et de hautbois dans le genre tendre et langoureux. Puis, son exécution terminée, le musicien descendit de son estrade, pour montrer qu’il était entièrement étranger à l’action mécanique de son orgue, qui exécuta seul, après lui, le même air italien, avec plus de douceur encore et de mélodie. L’organiste renouvela trois fois de suite une expérience analogue, et trois fois l’orgue magique, sans subir aucun contact avec la main de l’homme, rendit en écho un peu affaibli les divers morceaux exécutés par le musicien.


Un dernier essai fut moins heureux. Raisin venait d’achever une cantate, entremêlée de symphonies brillantes,