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trop joyeux, et il se dispenserait de nous faire voir sa figure.


Dans ce moment, on entendait un bruit d’un autre genre : c’était une sorte de souffle ou de flairement, qui murmurait le long des fentes de la porte ; puis, ce bruit se changea en un grognement plaintif ; puis, on secoua la porte, on gratta, on frappa. Mademoiselle d’Urtis était prête à s’évanouir. Antoinette, qui commençait à s’étonner, fit signe à Thérèse de prendre et d’allumer un des lourds chandeliers de cuivre qui reposaient sur un guéridon : mademoiselle d’Urtis obéit machinalement, sans détacher de la porte ses regards inquiets.


— Je vais à la fenêtre appeler du secours, dit-elle en tremblant de tous ses membres : Jean-Pierre n’est peut-être pas couché.


— Garde-t’en bien, ma chère ! reprit mademoiselle de La Garde : on se moquerait de nous dans tout le pays, et d’ailleurs Jean-Pierre ni personne n’osera s’aventurer dans le château, à cette heure avancée de la nuit.


— Nous nous laisserons donc tordre le cou par les revenants ! dit Thérèse avec désespoir.


Soudain, la porte de la chambre s’entrebâilla doucement, et une tête chevelue, que les deux amies n’eurent pas le loisir de bien distinguer, dans l’anxiété où elles étaient, se présenta un instant à l’ouverture et disparut. En même temps, la porte s’ouvre toute grande, et une forme animée, de couleur noire, se traîne à quatre pattes dans la chambre, en grognant.


Mademoiselle d’Urtis posa sur la table le flambeau qu’elle tenait et tomba presque sans connaissance sur un