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— Qu’il revient des esprits au château, depuis plusieurs jours, répondit le jardinier.


— Et que les revenants y font leurs sabbats ! ajouta la jardinière.


— Des revenants ! cria de loin mademoiselle de La Garde, dont la curiosité fut mise en jeu, à ce seul mot qu’elle entendit sans la moindre terreur. Où sont-ils ? où sont-ils ?… Thérèse, des revenants ! Quel plaisir !


— Ils sont dans le château de monsieur votre père, Mademoiselle, dit Jean-Pierre. Tenez ! ce bruit… écoutez !


— C’est l’eau de la fontaine qui tombe goutte à goutte, répliqua mademoiselle d’Urtis après avoir écouté. Ce bruit-là est fort agréable à entendre, surtout par une nuit calme de printemps…


— Il s’agit bien d’eau et de fontaine ! interrompit gaîment Antoinette : il s’agit de revenants, ma chère Feuille-morte.


— Je les ai vus, Mademoiselle, aussi vrai que je m’appelle Jean-Pierre pour vous servir.


— Vrai ! Vous les avez vus, Jean-Pierre ? dit Germain, qui se réjouissait tout bas de n’avoir pas à rester au château.


— Et moi, de même, je les ai vus, monsieur Germain ! reprit à son tour Marie-Jeanne, en baissant la voix.


— Moi, je voudrais bien les voir ! s’écria mademoiselle de La Garde, qui narguait par sa moue railleuse la crédulité de deux paysans et qui augmentait leurs craintes en ne les partageant pas. Et toi, Thérèse, ne les voudrais-tu pas voir ?