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façon d’agir d’un Montclar ou d’un La Béchellière n’était pas sans le guider ; mais son bon cœur l’empêchait toujours de commettre une action qui pût nuire à un autre. Je ne m’expliquais pas cette haine instinctive et opiniâtre, telle que s’il avait senti ses biens et sa vie en péril.

Je me rendis chez Silbermann pour déjeuner. Je fus présenté à son père. C’était un homme d’aspect un peu lourd. Un accent étranger embarrassait sa parole. Des yeux sans vie, une chair jaunâtre, une barbe inculte, un gros nez, de grosses lèvres, donnaient à sa figure une expression stupide et comme endormie. Mais par moments il intervenait d’un mot qui montrait que son esprit veillait.

Mme Silbermann avait un joli visage aux traits fins, ainsi qu’il m’avait paru au premier abord. Toutefois, son sourire était si charmant, si jeune et si répété qu’il communiquait à la longue un peu de