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s’interrompait parfois, les yeux humides, disant : « Est-ce beau ? Écoute ceci encore… »

Il était surtout sensible à la forme ou plutôt au mot qui fait image ; il le faisait ressortir d’un geste de ses doigts réunis, comme si les beautés de l’esprit eussent été pour lui matière traitable qu’il voulût modeler.

Le livre, la pensée écrite, exerçait sur moi un attrait irrésistible. Aussi, devant cette bibliothèque (si différente de celle de mon père, laquelle était composée surtout d’ouvrages ne touchant pas l’imagination) je feuilletais ces volumes avec émotion et pressais Silbermann de questions. Il avait l’art de qualifier en une phrase le sujet d’une œuvre, de réduire celle-ci sous une formule commode.

Les Misérables ?… répondit-il à une de mes questions. C’est l’épopée du peuple. » Puis : « Tiens, voici le vocabulaire de la langue française. »