Page:Lacretelle Silbermann.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

maison. Je sais bien pourquoi. Ma mère, depuis son mariage, n’avait eu d’intérêt dans la vie que pour la carrière de son mari. Elle avait poursuivi avec une patience unique tout ce qui pouvait hausser et étayer la situation de mon père dans la magistrature. Certes, elle ne songeait pas à ralentir son effort, car mon père, juge d’instruction à Paris, n’était encore, comme elle le disait, qu’à mi-côte. Mais j’approchais de l’âge d’homme et elle s’apprêtait à faire le même chemin avec moi, tel un courageux cheval de renfort qui ne connaît qu’une seule tâche. Elle m’entretenait souvent de mon avenir, m’expliquait diverses professions, leurs avantages, leurs « aléas », découvrant à mon esprit des espaces un peu obscurs d’aspect un peu rude, pareils à des forges, où, pour me stimuler, elle soufflait le foyer, brandissait l’outil, frappait l’enclume. Son horreur la plus vive était à l’égard de ceux qui ne travaillaient pas. Elle pro-