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« Être Juif et Français, que cette alliance pourrait être féconde ! Quel espoir j’en tirais ! Je ne voulais rien ignorer de ce que vous avez pensé et écrit. Quelle n’était pas mon émotion lorsque je prenais connaissance d’une belle œuvre née de votre génie ! Tu le sais, toi, tu m’as vu à ces moments. Il m’arrivait alors de rester silencieux ; tu me questionnais en vain… C’est que j’écoutais cette beauté s’unir sourdement à mon esprit, oui, à mon vil esprit juif !

« Je me souviens du jour où j’ai ouvert pour la première fois les Mémoires d’Outre-tombe. Je ne connaissais que le Génie du Christianisme ; je jugeais mal Chateaubriand ; je n’aimais pas ces tableaux pompeux et froids. Et tout à coup, je contemple Combourg ; je découvre le passage sur l’Amérique, sur l’émigration, je suis entraîné dans le tumulte prodigieux de ce cerveau… Quelle fièvre m’a saisi ! En moins d’une semaine, j’ai dévoré les huit