Page:Lacombe - Dictionnaire de la langue romane - 1768.djvu/58

Cette page n’a pas encore été corrigée
lij
Origine & révolutions


& la plus grande partie par inconstance.

L’ordonnance par laquelle François premier proscrivit le latin, des jugements & actes publics, pour y substituer le françois, contribua beaucoup à faire cultiver la langue : on est obligé de faire une attention sérieuse à la propriété & à la valeur des termes, dans des actes qui doivent régler les intérêts de tant de personnes toujours prêtes à interpréter les loix à leur avantage.

La langue fit dès-lors assez de progrès pour que nous en ayons voulu conserver encore les tours & les expressions dans des ouvrages d’un certain genre que nous appellons style marotique. Il est vrai qu’on en abuse souvent ; on s’est imaginé qu’il donnoit un air plus naïf. Je ne puis me dispenser de remarquer que la naïveté dépend particulièrement de l’idée & de l’image, & qu’on peut être naïf avec les termes les plus élégants : les fables de la fontaine ne sont pas moins naïves que ses contes, quoique le style en soit différent. Ce n’est pas la vétusté des mots qui rend les images naïves : autrement, Marot, qui paroît aujourd’hui si naïf à la plupart des lecteurs, ne l’auroit pas été de son tems ; ce qui ne se peut pas avancer. D’ailleurs, si l’on vouloit se donner la peine de faire la comparaison de notre style moderne marotique,