Page:Lacombe - Dictionnaire de la langue romane - 1768.djvu/28

Cette page n’a pas encore été corrigée
xxij
Origine & révolutions

Pour ceux de la campagne, indépendamment des accidens qui leur furent communs avec leurs maîtres, il s’y rencontra encore la rudesse & la grossiéreté qui corrompirent même leur langue naturelle ; ainsi il dut se former dans les Gaules une infinité de jargons différents, & la langue étoit dans cet état, lorsque les Francs y entrerent.

La partie des Gaules, qu’on nommoit alors l’Armorique, & qui est aujourd’hui la province de Bretagne, avoit conservé la langue celtique avec le moins d’altération, parce que les Romains y firent peu de séjour, & qu’il s’y réfugia un grand nombre de Gaulois qui redoutoient la domination romaine. César dit que Dumnac, Angevin, se sauva à l’extrémité de l’Armorique, & plusieurs sçavants ont prétendu que, si l’on vouloit trouver encore quelques vestiges de la langue celtique, ce seroit dans cette province qu’il faudroit les chercher. Cependant les mêmes raisons qui peuvent faire croire que la langue celtique a dû se conserver dans cette province plus long-tems que dans aucune autre, nous doivent faire juger qu’elle a dû s’y altérer aussi, lorsque les Francs entrerent dans les Gaules. Les Romains vaincus se réfugierent dans les extrémités des provinces, & particulierement dans l’Armorique, comme les