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cercle. Une propagande trop ouverte serait imprudente et vaine : le paysan est prévenu par la calomnie, et ta défiance est justifiée par son ignorance. Pour tourner ses préventions et son parti pris, il faut mettre de côté les noms et les mots, ne le conduire à l’idée que par le chemin des faits ; ne l’entretenir tout d’abord, dans un langage simple mais pur, que de ce qui le touche et l’intéresse déjà. Si l’on parvient à le sortir de son apathie, à éveiller en lui la pensée, à étendre son horizon ; al on l’amène à la volonté de connaître ses propres affaires et d’y voir clair, on aura fait déjà plus de la moitié de la tâche, et l’idée républicaine seule en profitera.

Ce n’est point par la violence qu’on gagne les esprits. Pour se faire entendre du paysan, il faut tenir compte de ses préjugés, de ses goûts, de sa nature. Il faut, en un mot, composer le journal pour ses lecteurs. La politique n’occupant dans leurs préoccupations tout au plus que la seconde place, l’Agriculteur consacrera ses premières colonnes au bulletin agricole de la semaine, contenant les nouvelles générales des récoltes et des marchés, et des conseils sur les travaux de la ferme, suivant la saison. Viendra ensuite le bulletin politique, rendent compte des faits principaux avec impartialité ; mais toutefois en signalant les conséquences de ces faits au point de vue des intérêts populaires. Pals, une page d’histoire de France, non la vieille histoire des faits et gestes des rois ; mais celle du peuple. Des articles de science appliquée aux usages de la vie, les grandes inventions et leurs conséquences ; un chapitre de droit usuel ; des biographies ; des préceptes d’hygiène ; des faits divers avec leur moralité ; un feuilleton dont le sujet sera pris dans le milieu populaire, achèveront de remplir les colonnes de l’Agriculteur.

Ainsi approprié aux goûts et aux besoins de ses lecteurs, ce journal doit réussir. Mais, dans ses commencements, il ne peut compter que sur la démocratie. Le paysan n’existe pas encore comme abonné, il faut lui apprendre à le devenir. Il est donc nécessaire qu’on s’a bonne pour lui et qu’on lui prête le journal, afin de lei inspirer le désir de le lire. À cette œuvre de salut commun, les fondateurs consacrent gratuitement leur travail ; aux démocrates de la rendre possible par l’abonnement et les souscriptions. Le moyen le plus légitime et le plus sûr de triompher des vices et des incohérences du régime actuel est d’éclairer les masses populaires.

PAUL LACOMBE — J. TOUSSAINT — ÉLYSÉE RECLUS

ANDRE LÉO.


S’adresser à Madame ANDRÉ LÉO, 92, rue Nollet (Batignolles-Paris).

Paris. — Impr. J. Voisvenel, 14, rue Chauchat.