Page:Lacerte - L'ange de la caverne, 1922.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.
43
L’ANGE DE LA CAVERNE

non loin du chemin, une jeune fille toute de blanc vêtue. Les mains négligemment enlacées, elle était tout à fait immobile. Le visage tourné dans la direction du docteur, elle semblait ne pas même le voir… Mais le docteur la vit, lui, et il se dit que jamais il n’avait vu plus belle vision que cette jeune fille aux traits presque parfaits, aux yeux bleus, presque violets, à la bouche rose et petite, aux cheveux châtains, à la taille élancée, aux mains blanches et délicates. Le médecin était complètement sous le charme.

La jeune fille, comme si elle avait eu conscience tout à coup de n’être plus seule — peut-être aussi vit-elle les yeux du docteur posés sur elle avec admiration — s’enfuit comme une gazelle effrayée puis elle disparut… Ce n’est pas une manière de parler, la jeune fille disparut, en effet ; car le docteur eut beau regarder de tous les côtés, il n’aperçut aucun endroit où elle aurait pu trouver refuge… pas une maison aux alentours et le bois, dans cette partie de Green Valley, était plutôt clairsemé, à deux milles à la ronde.

Quelle était cette apparition ?… Était-ce un ange descendu, un instant, sur la terre que cette jeune fille ?… Elle avait disparu… Peut-être avait-elle pris des ailes…

Le médecin haussa les épaules ; il avait rêvé, sans doute… Il était si fatigué d’une journée de rude travail… Cette apparition ce n’était qu’une hallucination…

« Bamboula, » dit-il au petit nègre, « as-tu vu quelqu’un sur le bord du chemin, tout-à-l’heure ? »

« Oui, massa, » répondit Bamboula. « Li parti par là, puis plus voir di tout, di tout. »

« C’est singulier… » pensa le docteur. « Je vais m’informer discrètement pour savoir qui est cette jeune fille… cette radieuse apparition ! »

Juno eut vite fait d’enlever les deux milles qui séparaient le bois de Green Valley de la demeure du docteur.

Arrivé chez lui, le docteur descendit de voiture et tendit les guides à Bamboula, puis il entra et se rendit à son étude. La maison du médecin de Smith’s Grave était un joli, confor-