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sément à vous que nous avons affaire… Entrez, Mme Duponth. Venez vous asseoir, nous allons causer. »

Mme Duponth prit un siège, non loin d’Éliane, et Yves reprit :

— « Mme Duponth, j’ai une question à vous demander et je voudrais que vous me promettiez d’y répondre franchement… Me le promettez-vous ? »

— « Sans doute, Monsieur, » répondit Mme Duponth, que ce préambule semblait vivement surprendre.

— « Dites-moi, alors, Mme Duponth, là-bas, sur les bords du rio Oyapok, lorsque nous nous sommes présentés chez vous, mon ami M. Andréa et moi, pour vous vendre du poisson, vous êtes-vous doutée d’où nous venions ? »

— « Mais… Monsieur… » murmura Mme Duponth.

— « Vous avez promis de répondre franchement, Mme Duponth, » reprit Yves. « Vous en doutiez-vous ? »

— « Oui, je m’en suis doutée… Non ; j’en étais sûre… »

— « Ah ! » s’écrièrent, en même temps, Yves et Andréa.

— « J’en étais sûre, » reprit Mme Duponth. « Je vous avais vus, traversant l’Oyapok sur un îlot flottant… Or, suivre le courant du rio, même sur un îlot flottant, c’est un jeu d’enfant ; mais, pour se mettre en frais de traverser l’Oyapok, en de telles circonstances, il faut y être contraint… D’ailleurs, vous veniez de la rive nord… et… je savais à quoi m’en tenir… mon mari, lui aussi, le savait.. D’ailleurs… »

— « Continuez, Mme Duponth, je vous en prie ! » dit Yves.

— « Eh ! bien, j’allais dire que vos habits, quoiqu’ils eussent été teints, avaient la coupe de… »

— « De la livrée de Cayenne, » acheva Yves.

— « Oui, » répondit Mme Duponth.

— « Et malgré cela, vous nous avez accueillis chez vous, vous nous avez donné de l’ouvrage et vous nous avez traités avec une entière confiance ! »

— « Pourquoi pas ? » dit, simplement Mme Duponth. « Je suis bonne physionomiste et je savais que je pouvais avoir con-