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avions été surnommés « les deux inséparables »… nous serons trois inséparables, dorénavant, si vous le voulez bien. »

— « Si je le veux ! » s’exclama Andréa.

— « Yves, » demanda Sylvio, « tu sais, n’est-ce pas que ta femme et ta fille ont quitté la France depuis longtemps ? »

— « Oui, je le sais, Sylvio, » répondit Yves.

— « Que sont-elles devenues ?… Le sais-tu, Courcel ? »

— « Stella, ma femme est morte… Ma fille, mon Éliane… la voici, Desroches, » ajouta-t-il, en entourant Éliane de ses bras.

— « Ta fille, dis-tu ?… Ciel !… Éliane serait… »

— « Éliane, que j’ai adoptée, la croyant Mlle Lecour, Éliane est ma véritable fille, Desroches. »

— « Ciel ! » dit le Docteur Stone, « Éliane, votre fille ! »

— « Oui, Docteur Stone… Le soir où je me suis évanoui, c’est parceque Éliane avait chanté — ou commencé à chanter — une berceuse que sa mère, ma femme, ma Stella avait composée, paroles et mélodie… Je l’avais entendu si souvent cette berceuse !… Le soir même de mon arrestation, ma femme l’avait chantée en berçant notre enfant… »

— « Je me souviens de cette berceuse, Courcel, » dit Sylvio Desroches… Et il commença à chanter :

En regardant tes lèvres roses,
Ton front charmant,
Lorsque, dans mes bras, tu reposes… »

— « Justement, Descoches, » dit Yves Courcel… Cette berceuse, tu l’as entendue souvent, toi aussi… Ma femme la chantait aussi pour endormir ton fils… Desroches, qu’est devenu ton fils Tanguay ? »

— « Courcel, » dit Desroches, sans répondre directement, « tu te souviens combien souvent nous avions fait le projet de marier nos deux enfants ensemble… ton Éliane et mon Tanguay… »

— « Je me souviens, » répondit Courcel. « La destinée, ce-