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Éliane, les larmes dans les yeux. « Paul va me remplacer auprès de vous. »

— « Oui ! Oui ! Je l’aime bien Paul ; c’est un bon enfant. »

Le Notaire fut près d’une heure avec Lucia et cette séance fatigua beaucoup la pauvre malade ; mais le docteur lui administra un calmant qui lui procura bientôt un bienfaisant sommeil.

Éliane, un livre à la main et Rayon à ses pieds, s’installa près d’une fenêtre. On ne laissait pas Lucia seule ; quand ce n’était pas Éliane qui la veillait, c’était Hannah, la ménagère du docteur, ou bien Paul, ou bien Bamboula. Le docteur avait dû user de son autorité pour qu’Éliane consentit à se faire remplacer auprès de Lucia. Il obligeait la jeune fille à prendre de l’exercice dehors durant plusieurs heures de la journée ; sans cela, peut-être serait-elle tombée malade à son tour.

Éliane, occupée à lire, entendit soudain sonner la cloche de la porte privée et introduire des visiteurs. Le salon faisait suite — ou plutôt précédait — la chambre blanche ; une simple cloison en planches séparant les deux pièces. De la chambre blanche donc, on pouvait suivre une conversation dans le salon, comme si on eut été présent.

« Docteur Stone ! Docteur Stone ! » dit une voix de femme, dans le salon. « Quel bonheur de vous revoir !… Quelle terrible inquiétude vous avez donnée à vos amis ! »

— « Comment vous portez-vous, Mme Reeves-Harris ? » dit la voix tranquille du médecin. « Et comment va M. Reeves-Harris ? »

— « Moi, je me porte bien, je vous remercie, » répondit une voix d’homme — celle de M. Reeves-Harris, probablement, se disait Éliane — « Je suis heureux de… »

— « Ce n’est que ce matin que nous avons appris votre… résurrection, Docteur, » interrompit la voix de Mme Reeves-Harris. « Nous étions à Bowling Green, chez ma sœur… la mère de Daphné, vous savez, » ajouta-t-elle.

Et Éliane, qui entendait tout, se demanda pourquoi elle sentait soudain, qu’elle n’aimait pas Mme Reeves-Harris.