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en vous ; sinon, elle nous conduit tout droit à notre perte.

— Je suis tout à fait résolu à agir, lui répondit son compagnon, et nous ferons le coup ce soir même, si vous voulez.

— Non, pas aujourd’hui, mais demain, car il faut prendre nos dimensions. Voulez-vous me laisser diriger l’opération, ou voulez-vous commander en chef ?…

— Non, j’aime mieux agir d’après vos instructions.

— C’est bien. Alors, écoutez-moi :

Nous n’arrêterons pas M. l’Avocat comme cela se fait d’ordinaire ; nous le suivrons et nous le frapperons dans le dos avec des tire-points. C’est mon système. Je sais pourquoi j’agis ainsi ; c’est que l’homme, — je parle en général, — a par devant lui, de la poitrine à la tête, des os, des côtes, des salières qui forment tout un système anatomique de défense ; et il y a cent à parier contre un que, même surpris dans son sommeil, il fera de la résistance si on le frappe en face ; tandis qu’atteint par derrière, au défaut de l’épaule, un individu quelconque, abasourdi tout d’abord, avant de chercher à se défendre est déjà à terre et est tout de suite expédié !…

C’est moi qui porterai le premier coup, et si M. l’Avocat veut crier, vous lui fermerez la bouche avec un mouchoir dont vous aurez grand soin de vous munir. Ne frappez que s’il résiste plus qu’il ne faut.

Ce plan d’attaque ayant été arrêté, et résolus d’en finir, ils remirent la partie au lendemain 14 mars 1833, jour de la mi-carême. Après avoir couché l’homme, c’est-à-dire l’avoir vu rentrer chez lui pour dormir, ils se séparèrent.