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CHAPITRE XIV.

Le chantage. ― L’homme aux cent mille francs. ― Tentative d’assassinat sur sa personne.


Vers deux heures de l’après-midi, Lacenaire se réveilla les mains tremblantes, la tête vide et pesante en même temps. IL vendit à un marchand de bric-à-brac ses meubles, ainsi que tous les effets qui ne lui étaient pas indispensables, et retourna encore au jeu. Le râteau du croupier râcla sans pitié le produit de son mobilier. Il ne fallait plus songer à entrer chez le notaire, les ressources pour vivre sans appointements s’étant évanouies dans les orgies de la veille. Quant à ses anciens compagnons de vol, ils s’étaient fait poser un gluau (mettre en prison), selon l’expression dont l’un d’eux se servit plus tard, et leur complice se trouva de nouveau isolé et sans un sou.

Le hasard lui vint encore en aide dans cette dure extrémité. On lui donna l’adresse d’un entrepreneur d’écritures pour le Palais-de-Justice. Il alla le trouver et fut admis dans le bureau.

Cette existence calme finit cependant par le lasser et il fit quelques démarches pour tâcher d’en sortir et pour travailler à son propre compte. Me  H…, avocat du barreau de Paris, lui en facilita les moyens, en répondant pour lui de la location d’un bureau d’écrivain et en lui avançant vingt francs pour en acheter les meubles indispen-