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un marché, qu’il se hâta de conclure, comme on pense bien. Le soi-disant commerçant acheta au faiseur d’affaires, à un terme assez court, dix mille francs de montres de Genève ; il reçut presque aussitôt la moitié de la commande ; le reste devait lui être livré bientôt, et il comptait tout vendre à vil prix, n’importe où.

Malheureusement pour Lacenaire, l’indiscrétion du Suisse assassiné ne l’avait pas rendu plus circonspect à l’égard de sa correspondance, et il se faisait adresser ses lettres à Genève, à l’adresse du Lyonnais. Le nouvel intermédiaire agit avec le même sans gêne que son devancier, et se trouva au courant des affaires de son terrible compatriote. Pour une récompense de cinquante francs, il dévoila ses manœuvres frauduleuses au vendeur, lequel sut se faire rendre les objets déjà fournis, en menaçant son client de le signaler à la police.

Lacenaire devina sur-le-champ à qui il était redevable de ce coup, et, se voyant brûlé, c’est-à -dire découvert et reconnu, il résolut de partir au plus vite, mais après avoir fait payer à son dénonciateur de Genève, aussi chèrement qu’à celui de Vérone, la trahison dont il souffrait une seconde fois.

Il ne varia pas son programme. Il invita son compatriote à déjeuner. Le Lyonnais accepta l’offre avec avidité. Après le déjeuner, il lui mit en tête de faire une promenade pareille à celle qui fut si fatale à l’infortuné Génevois. Comme celui-ci, le nouveau convive accepta la partie, et se mit en route ; mais, dès les premiers pas, la soif l’ayant saisi à la gorge, selon l’ordinaire, il entra