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sang-froid et une présence d’esprit qui ne se sont pas troublés un instant durant tout le cours de cette longue audience.

Henri Soumagnac, dit Magny, marbrier. — Je connais Hippolyte (c’est François) ; je l’ai rencontré à la porte Saint-Denis, et il est venu coucher une douzaine de fois chez moi, rue de l’Égout ; il y venait même en mon absence, et la portière avait l’ordre de lui donner ma clef. Il est venu coucher le 31 décembre. Je l’ai vu le lendemain matin de très bonne heure, au moment où je m’en allais. Il était seul et, la veille, il avait ribotté.

Lacenaire. — Je vais rappeler au témoin une circonstance qui pourra l’aider à fixer ses souvenirs. M. Magny rentrait à deux heures du matin, le 31 décembre ; il était accompagné d’une fille. Il se dirigea vers le lit où j’étais avec François. « Ah ! dit-il, après avoir tâté, il y a deux têtes ! » Il alla dans une autre chambre avec sa maîtresse. Comme Magny était un peu en ribotte, il pourrait avoir oublier ça ; mais voici une circonstance qu’il se rappellera : il avait oublié son port d’armes dans le lit, et vint le lendemain matin le réclamer à François.

Soumagnac. — Il est vrai que j’ai un port d’armes, mais je ne sais pas comment monsieur peut le savoir… Je ne connais pas monsieur… D’ailleurs, parce que j’ai un port d’armes, ce n’est pas une raison pour le laisser traîner partout.

Lacenaire. — Je vais vous dire comment je sais.

François, à Lacenaire. — Menteur ! menteur !

Lacenaire, sans regarder François. — François a trouvé ce papier ; il a dit : « Bon ! c’est un port d’armes.