Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

— Trente-cinq ans.

— Votre profession ?

— Ancien commis-voyageur.

Les mêmes questions furent adressées aux deux autres accusés qui déclarèrent s’appeler Pierre-Victor Avril, menuisier, âgé de trente ans, né et domicilié à Issy.

Le greffier donna ensuite connaissance, aux trois complices, des actes d’accusation dressés contre eux.

Nos lecteurs étant déjà instruits des crimes qui leur étaient reprochés, il est inutile de mettre sous leurs yeux ces documents.

Pendant qu’on les lisait, Lacenaire conserva une attitude indifférente et distraite. Son sourire toutefois avait quelque chose de convulsif et de forcé ; il appuyait sa tête sur la barre et jetait de temps en temps de rapides coups d’œil sur ses co-accusés, lorsque l’accusation se reportait sur eux par suite de ses dépositions. Avril s’efforçait de paraître impassible ; François lançait à Lacenaire des regards pleins de menace et de courroux.

Celui-ci était presque endormi lorsque le greffier termina cette lecture, qui dura près de deux heures, et ce ne fut que lorsque le président relata les différents chefs d’accucation qui pesaient sur lui qu’il parut seulement s’arracher à sa torpeur. Il rajusta élégamment alors sa chevelure, et écouta sans s’émouvoir la longue nomenclature d’assassinats et de faux qui lui étaient imputés. L’audience fut suspendue un instant. À sa reprise, M. le président fit sortir Avril et François, et procéda à l’interrogatoire de Lacenaire, qu’il engagea à rester assis. L’accusé se leva et salua gracieusement.