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CHAPITRE XXXIII.

Le procès. ― Physionomies d’accusés. ― Un drame bien charpenté.


Ce fut le 12 novembre 1835 que commença, en Cour d’assises, le triste procès qui amena Lacenaire devant la justice.

Un auditoire immense et une foule d’avocats en robe étaient venus assister à ces débats dont les principaux détails, connus d’avance, avaient excité au plus haut point l’intérêt. Tous les regards se tournaient vers les pièces à conviction, placées sur une table adossée au bureau des magistrats. On y remarquait des vêtements d’homme et de femme, un sac de paille imitant un sac d’argent, une porte d’appartement dont les panneaux étaient revêtus de voliges destinées à préserver de tout contact des inscriptions faites à la craie ; plus loin, une lime aiguisée, un carrelet ou tire-point et une hache.

Après le tirage au sort du jury, les accusés furent introduits. Un vif mouvement de curiosité accueillit leur entrée. Le premier qui parut fut Lacenaire. Jeune, frais, élégant, d’une figure riante, agréable et relevée par une moustache soyeuse, il franchit lestement un gradin placé devant lui, et, après avoir promené un regard plein d’aménité sur tout l’auditoire, s’assit avec aisance au banc d’infamie. Il engagea tout d’abord avec son avocat,