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été fait à plusieurs, insistaient pour savoir le nom des complices, il leur répondit :

— Nous autres scélérats, nous avons un certain amour-propre, c’est de ne jamais faire connaître nos complices, à moins qu’ils ne nous aient trahis ou qu’ils ne cherchent à nous faire du mal. C’est notre probité à nous.

On n’insista pas sur le moment à cet égard, mais M. Canler continuant son interrogatoire :

— N’êtes-vous pas pour quelque chose dans l’assassinat de Chardon ? lui demanda-t-il à brûle-pourpoint.

— Non, répondit laconiquement le prisonnier, sans laisser paraître la moindre émotion sur son visage.

— Eh bien ! nous savons que c’est vous qui en êtes l’auteur, et sachez que celui qui vous a fait connaître comme tel, c’est François !

Il hocha la tête en souriant d’un air de doute.

Alors, M. Canler lui raconta mot pour mot la dénonciation de François.

— Amené devant nous, dit M. Canler, François nous a dit : « Je viens vous donner les renseignements les plus importants sur l’assassinat de Chardon.

« Je tiens tous ces détails de Gaillard, continua-t-il ; le 1er janvier, je le rencontrai avec un nommé Imbert, fabricant de portefeuilles ; nous nous nous souhaitâmes réciproquement la bonne année, et nous déjeunâmes place Royale. Imbert se retira de bonne heure, mais nous autres, nous restâmes jusqu’à une heure après-midi. Lorsque Gaillard eut la tête échauffée par le vin, il me dit : C’est moi et Imbert qui avons assassiné Chardon et sa mère.