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— Le 31 décembre, après-demain.

— Eh bien, pourquoi ne les faites-vous pas recevoir vous-même ?

— Parce qu’il faut absolument que je retourne à Rouen ce soir ; des affaires pressantes et indispensables m’y appellent.

— Attendez une minute, lui dit le commis en se levant, je vais consulter M. Mallet.

Après quelque hésitation, le banquier avait consenti à faire suivre l’encaissement de la traite de Mahossier, de Paris, et on vint l’annoncer au soi-disant Rouennais.

— C’est bien, dit-il ; dans les premiers jours de janvier, je serai de retour à Paris, et je compterai avec M. Mallet, que je remercie infiniment.

Tout marchait donc au gré des désirs de Lacenaire, et le soir il alla rue de Vendôme, chez Bâton, l’avertir de la tournure que prenaient les choses et lui dire de se tenir prêt.

Mais voici ce qui s’était passé chez ce dernier le lendemain de ce jour.

Un jeune homme nommé François, ami de Bâton, était venu le voir ce jour-là pour lui demander quelques sous en emprunt. C’était un repris de justice qui se trouvait encore sous le coup d’un mandat d’arrêt, par suite d’un vol commis au préjudice d’un négociant en vins.

— Je suis désespéré, disait-il au figurant de l’Ambigu, et je ne sais où donner de la tête. Je suis proscrit dans Paris, et si par malheur je me faisais arrêter, ce n’est pas à temps cette fois-ci, c’est à perpétuité que je serais condamné, à cause de la récidive.