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CHAPITRE XX.

Tentative d’assassinat sur la fille Javotte. ― Le tueur de femmes et le sauveur de chats.


Jetons maintenant un coup d’œil rétrospectif sur Lacenaire.

En quittant le cabinet de M. Scribe, et muni encore de l’argent qu’il en avait reçu, il eut comme une vague idée d’enrayer dans son mauvais chemin ; mais cette pensée ne fit que lui traverser l’esprit, car il était lancé à fond de train dans le crime ; et il y avait fourni une trop longue traite pour pouvoir revenir sur ses pas.

Avant de s’adjoindre Bâton, ce figurant qui faisait le soir les paysans vertueux dans les drames à charpente, et pratiquait le jour le faux et le guet-apens, Lacenaire avait déjà cherché à monter un assassinat avec l’aide d’un autre individu nommé Baptiste. Une circonstance imprévue avait déjoué leur combinaison. Le secret de ce coup manqué n’avait pas été gardé, l’autre associé l’avait révélé à sa maîtresse, une receleuse nommée Javotte. C’était une grosse fille joufflue, haute en couleur, ayant d’épais bandeaux de cheveux raides, des pieds de gendarme, des mains débordantes de graisse, les plus solides poignes du monde, une vraie virago enfin.

Elle s’était vantée devant plusieurs personnes d’envoyer Lacenaire aux galères quand elle le voudrait, et