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Abjure tes erreurs, ô France ! et répudie
          A jamais tout pacte insensé.
L’Empire et ses fauteurs t’ont conduite à l’abîme ;
          Ils sont prêts à t’y replonger :
Leur œuvre est sous tes yeux et les juges, ô victime
          Par eux livrée à l’étranger !
A l’heure du péril leur superbe prudence
          Se pavanait sous d’autres cieux ;
Les voici de retour : misérable impudence !
          Cynisme trois fois odieux !
Ton salut les réclame, ils sont prêts : anathème
          A ces sinistres charlatans !
Sauve-toi des sauveurs en te sauvant toi-même !
          France, ma mère ! il en est temps.
Ton salut désormais ne dépend de personne,
          Mais de tous, France, mais de toi !
Garde en ta main le sceptre, à ton front la couronne :
          Tes fils accepteront ta loi.
Loi d’un monde nouveau, loi de l’ère nouvelle
          Dont l’aube blanchit l’horizon,
Et des printemps futurs à notre hiver révèle
          L’éblouissante floraison.
Hâte ces jours prédits, cette terre promise
          Aux vaincus ployés sous leurs fers.
Sois la colonne ardente, ô France ! et le Moïse
          Des peuples en marche aux déserts.
Comprends ton rôle, assois l’édifice civique
          Où tout enfin puissent s’unir !
Résumant ton passé, seule, la République