Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/273

Cette page n’a pas encore été corrigée

De la trois fois sainte Cité !
Hâtez-vous ! — Dans la nuit, que l’étoile attendrie,
          Vous contemplant du fond du ciel
Éclaire votre vol qui porte à la patrie
          Les voix d’un héroïque appel !
Hâtez-vous ! — Au delà des plaines, des montagnes,
          Abattez-vous, ballons sauveurs,
Embrassant, feu sacré, villes bourgs et campagnes,
          Suscitant partout des vengeurs !
Hâtez-vous ! Haut et loin, allez dire à la France
          Qu’ici pour elle on sait souffrir ;
Allez dire aux vivants notre altière espérance,
          Salut de ceux qui vont mourir.
Mais vous, revenez-nous, facteurs aux blanches ailes,
          O chers oiseaux compatissants !
Revenez à nos cœurs glacés d’affres mortelles
          Parler d’espoir et des absents.
Des grèves et des monts, des hameaux et des plages,
          Revenez-nous, courriers ailés !
Sur nos toits sans foyer répandez vos messages,
          Et nos toits seront consolés.
Dites-nous que la France, accélérant sa marche,
          L’éclair aux yeux, le glaive au flanc,
Accourt. — Soyez pour nous, soyez l’oiseau de l’Arche
          Dans ce déluge aux flots de sang !
Que votre vol au loin, croisant le vol des bombes,
          Dessine à nos yeux dans les airs
L’arc-en-ciel prophétique, ô propices colombes,
          Disant la fin de nos revers !