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De faim, de froid souffrent pour toi,
Ton héroïsme ardent les réchauffe à ses flammes,
          Ton cœur les nourrit de sa foi !


V

Inébranlable foi ! magnanime souffrance !
          Va, tu grandis à tous les yeux,
Toi qui sauves l’honneur, toi qui venges la France
          Par ton martyre glorieux !
Ah ! laisse-moi dans l’ombre, où ta splendeur m’enivre,
          Sur tes détresses m’attendrir,
Ville où j’ai mérité de rêver et de vivre,
          Où j’ai mérité de souffrir !
Ah ! laisse-moi, le front courbé dans la poussière,
          En mes respects fiers et jaloux,
Baiser le bord sanglant de ta robe guerrière,
          Pleurer d’orgueil à tes genoux !
Souffre qu’un de tes fils, ô mère vénérée,
          Pour tant d’affronts inexpiés,
Pour ta lente agonie avec calme endurée
          Sanglote d’amour à tes pieds !
Laisse-moi t’admirer tout haut, laisse-moi dire,
          Témoin au cuisant souvenir,
Tes ineffables maux, Mère, pour les maudire,
          Tes dévoûments pour les bénir !