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Les gais moineaux à ma fenêtre
Ont repris leurs jeux querelleurs,
Leur vol réjouit le vieux hêtre,
L’aïeul pensif qui les vit naître
Et les berça parmi ses fleurs.

Au soleil dissipant la brume,
Cher hôte avec moi prisonnier,
Ton œil noir aussi se rallume,
Et tu sens glisser sous ta plume
Les tiédeurs du vent printanier.

Tu contemples de ma croisée,
Pensif en ta cage d’osier,
La cour de lierre pavoisée,
Le bassin à l’onde irisée,
La haute tige du rosier.

L’esprit du chant en toi s’agite,
Ton aile en trahit le frisson,
Au cœur le sang te bat plus vite,
Du printemps la muse t’invite
A lancer au ciel ta chanson.

L’ivresse dont ton âme est pleine
Dilate et soulève ton corps ;
J’écoute, respirant à peine :
Enfin, de ta gorge d’ébène
Jaillit le flot de tes accords.