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Ouvrant son aile délivrée
Et fendant l’air, le prisonnier,
L’œil ébloui, l’âme enivrée,
Vint cacher sa fuite égarée
Dans les branches d’un citronnier ;

Du citronnier de la ravine,
Où la Source aux rochers boisés
Étend sa nappe cristalline :
Frais Éden fait de paix divine,
D’ombre et de rayons tamisés.

Autour de lui tout est silence,
Onde et fraîcheur, brise et clarté :
Ravi, soudain au ciel il lance,
Avec son chant de délivrance,
Son hymne à l’hospitalité.

Il dit la molle quiétude
Des bois, l’air suave et léger,
Et l’astre dans sa plénitude,
Et cette ombreuse solitude,
Si douce aux yeux de l’étranger.

Il chante les eaux diaphanes
Où le ciel aime à se mirer ;
Il chante… et l’oiseau des savanes
Se tait, blotti dans les lianes,
Pour mieux l’entendre et l’admirer.