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ciai Madame L’Heureux d’avoir pensé à son jeune cousin pour l’appeler partager le plaisir de la fête du jour avec une société d’élite ; j’ajoutai que j’étais heureux que le noble sang qui coulait dans ses veines animât aussi les miennes ; ce sang répandu goutte à goutte par le chanoine Las Casas dans la conversion des indigènes de l’Amérique du Sud ; ce sang qui avait partagé la captivité de Napoléon ; ce sang qui a rougi les glorieuses plaines de Châteauguay ; ce sang dont la terre canadienne a été imbibée par le noble travail du défricheur, depuis l’Acadie jusqu’aux Montagnes Rocheuses ; ce sang qui a changé la forêt sauvage en un grenier inépuisable et en un palais somptueux comme celui que vous habitez (ces derniers mots sont les seuls qui soient de moi) ; ce sang, Mademoiselle Imelda L’Heureux, c’est le vôtre ! » (Applaudissements.)

« Maintenant, avant de m’éloigner, je dois une excuse à tous les convives. Élevé sous mon toit de bardeaux, ignorant les usages des grandes villes, je suis comme un petit savoyard qui arrive à Paris, ignorant les usages si polis de la haute société, j’ai dû faire bien des manques, voire même bien des impolitesses. Je pars cependant assuré de mon pardon, car loin d’ici, sur les ailes de la renommée, j’ai entendu parler de la grande charité des dames et demoiselles de Montréal, et j’espère qu’elles vont

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