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j’avais commis une faute impardonnable, une vraie insulte à la compagnie, une faute bien pire que si j’avais manqué ma prière du matin. Heureusement, mes chers amis, que les maximes du monde ne sont pas celles de Jésus-Christ, et je suis bien certain qu’à l’heure du Jugement général, je ne serai pas blâmé d’avoir répondu au salut d’une pauvre servante, par Celui qui, pendant 33 ans, se faisant le serviteur des serviteurs, a ennobli la servitude chrétienne.

Je répondis donc à son salut et je suis heureux de l’avoir fait ; c’est un des meilleurs souvenirs que j’ai rapportés de ma visite, mais ce n’est pas tout ce que j’avais à faire. Il fallait me servir de ces bonbons. L’usage du temps voulait qu’on en prit un seulement, puis la servante déposait le tout sur la table, et le plateau était ainsi à la disposition de tout le monde. Je ne connaissais pas toutes les lois de ce jeu de bagatelle et je me suis mis en frais de prendre ma part. Je pris tout ce que ma main pouvait contenir, puis, alors seulement, je me suis aperçu que les autres convives ne prenaient qu’une dragée de jujube. Vite, j’en jetai 4 ou 5 dans ma bouche ; mais que faire des autres ? La chaleur de la main commençait déjà à les faire fondre. Une idée que je crus lumineuse traversa mon esprit : Mets-les dans la poche de ta jaquette. » Aussitôt pensé, aussitôt fait.

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