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— Quoi ! dit-elle, un prêtre dans notre famille ! Est-ce possible qu’un sang comme celui qui coule dans mes veines va un jour monter à l’Autel du Seigneur ? Permettez-moi de vous présenter mon unique fille qui est très heureuse de vous voir, n’est-ce pas ?

— Certainement, maman.

Comme Madame ne voulait pas friper la grande traîne de sa robe, elle donne un coup de main de côté avant de s’asseoir. Voilà la traîne qui vient me trouver près du poêle où je m’étais blotti. Vraiment, si j’avais eu une paire de ciseaux j’en aurais coupé un bout pour allonger ma veste, car le tissu était de la même couleur, sinon de la même qualité. Une fois assise, Madame donne largement aux enfants de quoi s’acheter des bonbons.

Étant sur le point de partir, elle m’invita à aller fêter l’anniversaire de baptême de sa fille, le mercredi suivant. « Avec le concours de votre présence, nous allons lui faire une fête dont elle se souviendra longtemps. » Comme je ne voulais pas y aller, je lui répondis que j’irais si je n’étais pas malade. Et alors elle s’en retourna avec l’espoir de me revoir. Je la vis s’éloigner avec plaisir.

Mais, au jour indiqué, quelle ne fut pas ma surprise de voir s’arrêter devant la maison de ma tante, un beau carrosse, avec cocher en livrée. Une lettre me disait que

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