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jour où il y prit son premier dîner, il dit à son épouse : « Enfin je puis dire que je suis heureux. Tant que je n’étais pas chez moi, le doux chez-moi, il y avait un vide dans l’ensemble de mon bonheur. Maintenant je puis dire que je suis satisfait. » En prononçant ces paroles, il s’affaisse sur le plancher : il était mort. Son curé déposa sur sa tombe la couronne méritée par ceux qui sont assidus à la messe du dimanche. S’il manquait parfois des parties de chasse ou de pêche, on le voyait toujours dans son banc à la grand’messe du dimanche.

Sa femme, à qui il laissa une charmante petite fille, ne voulut point convoler à d’autres noces. Elle jeta toute son affection sur sa chère Imelda, qui reçut une très belle éducation chez les Sœurs de la Congrégation.

Telle était la dame qui venait, accompagnée de sa fille, faire une visite à sa cousine, ma tante Marie.

La porte s’ouvre, je contemple la bonne figure souriante de ma cousine dont la couleur ne changeait ni l’été ni l’hiver. Ma tante me présenta en disant : « C’est un écolier et on dit qu’il va faire un prêtre. » J’avançai une main tremblante pendant que de l’autre je protégeais l’ouverture que faisait ma chemise entre ma veste et mon pantalon.

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