Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/158

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chapelle, le bon Dieu a donné ce droit à l’évêque.

Ensuite faire des chemins ; oui, faire des chemins carrossables, des chemins de 66 pieds de largeur au moins. Soyons bien assurés qu’il n’y a pas de colonisation possible et fructueuse sans chemins. Mgr Labelle, — gardons-lui son nom populaire : le curé Labelle, — de Saint-Jérôme, de qui j’ai été prendre des leçons quand j’ai été chargé par Mgr Taschereau de m’occuper de colonisation, m’a dit ceci : « Allez planter des croix au milieu des cantons que l’on appelle « townships » au Canada ; faites passer un chemin reliant toutes ces croix au milieu du canton. Vous verrez que les colons devanceront les chemins ; je n’ai pas eu besoin de battre la campagne pour les faire venir, disait-il. Des pères de famille endettés vendaient leur terre et arrivaient avec leur roulant ; des garçons que leurs parents voulaient établir, en leur aidant les premières années, accouraient prendre des lots. Je parle ici de ceux qui désiraient cultiver une terre, être chez eux et se ramasser de quoi vivre sur leurs vieux jours. Pour les autres, méfiez-vous-en. N’est colon que celui qui le veut. C’est une vocation, une bien belle et bien noble vocation, mais plusieurs ne semblent pas appelés à jouir de l’indépendance du cultivateur ; ils préfèrent servir toute leur vie et ne tra-

159