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raine souriaient : ils avaient un soleil si près d’eux. Notre sœur Domitille, qui en changeant de nom sous la cornette religieuse n’a pas changé de cœur, se vantait, cette journée-là, de lâcher la queue du chat.

— Comment va-t-on l’appeler, cousin Israël ?

— Je ne sais pas, cousine Domitille.

— Je vais lui donner un nom qui sera pour lui une leçon. Je crois qu’il aimera à parler, car il agite sans cesse la langue. Appelons-le Zacharie et on lui dira que son patron est devenu un jour muet pour avoir trop parlé. D’ailleurs, Zacharie veut dire mémoire du Seigneur, et je crois qu’il aura plus de mémoire que de jugement.

Et le parrain eut la faiblesse de dire oui.

Ô philosophie des noms ! Que je subis péniblement ta triste expérience. On me baptisa au milieu de grands cris : il en coûtait au diable de sortir. En passant, remercions ensemble le bon Dieu de cette grande grâce. Je revins à la maison un bon petit chrétien accompli. J’étais d’une obéissance telle que les trois premières années je ne me rappelle pas être sorti de la maison sans permission. Tu fus une des premières qui me bercèrent dans le « petit ber à Marie » et ensuite dans le « grand ber à Philomène ». Tu te rappelles le fameux accident de ma chute. Le ber chavira, et crac ! Zacharie

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