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jours en éveil, il a fort bien pu savoir du christianisme tout ce qu’il en a su, sans y avoir été régulièrement initié.

S’il eut pour la foi nouvelle quelque goût momentané, cette complaisance ne dura pas longtemps. Dès ses premiers ouvrages, il prit position.

Nous n’avons plus sa Philosophie des Oracles, sorte de « bréviaire théurgique » où se décèle « la plus dégoûtante superstition[1] », mais nous en possédons d’importants extraits[2]. Porphyre y cite et y paraphrase un certain nombre d’oracles, qu’il doit en partie à des recueils antérieurs, et il en tire toute une théorie sur les rites et pratiques grâce auxquels l’âme pieuse peut obtenir son salut.

Quelques-uns de ces « oracles » ont trait au christianisme. La plupart des critiques jugent l’exégèse que Porphyre en donne avec un optimisme ou une indulgence qui m’étonne un peu. Geffcken ne veut pas que Porphyre ait attaqué le Christ lui-même[3]. « Dans la Philosophie des Oracles, déclare Harnack, Porphyre est non seulement un admirateur, mais un dévot du Christ divin[4]. » M. Bidez accepte l’idée que Porphyre ait eu comme objectif à cette époque « une noble conciliation que les chrétiens même pourraient accepter[5] ».

Voilà des affirmations surprenantes. Examinons les textes, ou mieux encore traduisons-les : c’est la vraie méthode.

Nous devons les plus significatifs à saint Augustin et à

  1. Ce sont les expressions dont se sert Geffcken, Ausgang…, p. 59.
  2. Ils ont été réunis par G. Wolff, Berlin, 1856.
  3. Zwei griech. Apol., p. 298 et 303.
  4. Texte und Unters., 37, 4, p. 141, note. Cf. Abhandl. der Kön. preuss. Akad. d. Wiss., 1916, p. 87 : « … Christus gegenüber sehr pietätsvoll. »
  5. Op. cit., p. 20. Il est vrai que Bidez trahit dans ce qui suit quelque scrupule sur sa propre affirmation.